samedi 22 mars 2014

Article dans "Genres", avril 2014



VDF exceptionnellement un samedi, le 8 mars, journée des femmes.

"Pour l’occasion, Soizick Jaffré a animé une discussion sur le thème de : « l’image et la représentativité lesbiennes : au-delà des stéréotypes ».

Pour situer Soizick Jaffré, il suffit de dire qu’elle est une des illustratrices des Chroniques Mauves (lien vers le site) qui sont en train de devenir cultissimes dans le monde de la BD lesbienne. Autant dire que cette intervention était attendue, et que les filles furent nombreuses au rendez-vous. 

Il vous est recommandé de lire ces chroniques, qui ne racontent rien de moins que 60 ans d’histoire lesbienne et féministe. La bibliothèque du Centre LGBT compte trois exemplaires des chroniques. Les 12 épisodes sont truffés de références musicales, graphiques, cinématographiques. Lire les chroniques est un moment d’histoire doublé d’un vrai bonheur. Il est écrit dans l’avant-propos, que ce roman graphique a pour ambition d’apporter une pierre supplémentaire à l’édifice du « patrimoine culturel lesbien ». C'est la responsabilité des lesbiennes de parler d'elle, de se raconter. À ce titre, les chroniques mauves sont tout simplement formidables. 

Car l’image des lesbiennes passe effectivement par la Bande dessinée. Soizick Jaffré nous a fait découvrir un certain nombre de BD qui représentent des lesbiennes. L’idée était de situer le degré de visibilité des BD en questions, allant de l’enclave lesbienne pour certaines (histoire d’une bande de lesbiennes vivant dans les égouts de New York…) à l’homosexualité tout juste évoquée, en passant par la lesbienne très très très énervée qui en devient serial killeuse (Hothead Paisan : Homicidal Lesbian Terrorist).

La création artistique en général, car la BD n’est pas le seul vecteur de communication, joue un rôle très important dans notre visibilité, si rare, et notre représentativité, tant de fois récupérée. C’est quand les lesbiennes prennent la parole, même maladroitement, qu’elles peuvent combattre les stéréotypes développés par ceux qui parlent à leur place.

La responsabilité des lesbiennes a été soulignée par Soizick Jaffré, qui a également insisté sur le fait qu’il ne faut pas s’autocensurer sous prétexte d’inquiétudes quant à la qualité de sa production, ou encore sous prétexte d'être découragée par l'invisibilitéSans nier l'importance d'une éducation formelle, ne pas avoir fait d'école d’art de devrait pas être un obstacle à l'expression. C’est la spontanéité et l'authenticité qui constituent la base de votre créativité, et le travail par la suite est bien sûr indispensable.

Et ma foi, cela donne envie de tenter l’aventure, se lancer, oser se dire.
De fait, Soizick Jaffré à l’issue de son intervention a lancé un appel : celui de pérenniser un VDF « atelier graphique » qu’elle animerait. L’idée serait de créer des petits « strips », des images, des collages, des montages, le tout pouvant aller pourquoi pas jusqu’à tenter l’édition, si le projet fonctionne. 

Nul doute que de nombreuses discussions se sont poursuivies, cocktail à la main, à l’aune de ces lesbiennes de papier qui accompagnent notre imaginaire.

Et à l’avenir, nous vous invitons a participer aux futurs VDF créatifs dès qu’ils seront mis en place ! Il n'est pas forcément nécessaire d'être artiste. Partager ses histoires, son ressenti, ses représentations, tout cela peut contribuer à un projet d’expression commune."